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Once upon a time. Strangers in Paradise.

Jeudi 2 juin 2011 à 23:35

 J'écoutais Fun Radio, quand une jeune fille de 14 ans a téléphoné .. Son coup de gueule ? Les mecs, qui la traitent de pute quand elle refuse de sortir avec eux. Bon, évidemment, à 14 ans, on raconte très mal les choses, et on a tendance à un peu trop se mettre en avant, du genre « Ils me demandent tout le temps de sortir avec eux ». On utilise aussi ce que j'appelle des petits tics verbaux, comme « Ouais .. quoi ! ». Enfin bon, ce n'est pas très important tout ça au final, c'est juste que ça m'a fait repenser à mes priorités quand j'avais 14 ans moi aussi. Ne rêvez pas, comme tout le monde, tout était prétexte pour me faire remarquer, j'avais aussi la fâcheuse habitude d'exagérer les choses et de parler d'une manière que je considérais à l'époque comme ''très tendance''. C'est l'âge qui veut ça.

Quand j'avais 14 ans, ce qui me préoccupait, c'était Jonathan (mon amoureux de l'époque), le divorce de mes parents, les cours (« Ah bah ouais, le Brevet quoi! »), mon petit frère, et R. Je gêrais très mal mes émotions, plus mal que maintenant. Un rien me faisait sortir de mes gonds (J'aime bien cette expression), et je n'en faisais vraiment qu'à ma tête. Ma vie n'était pas aussi rose que je l'aurai souhaité, alors je le faisais payer à tout le monde. Une vraie ado accompagnée de son mal de vivre. Je pense honnêtement que ma situtation familiale n'a rien arrangé à ma situation hormonale. (Parce que, oui, l'adolescence, c'est hormonal.). Ca me fait sourire de repenser à tout ça. Je pensais que je changerai le monde, que mon existence consisterait à éliminer la pauvreté, et toute autre forme de misère, que j'avais rencontré l'homme de ma vie, qu'on vivrait pour toujours un amour éternel (« Ouais, le premier amour quoi ! »).. LOL, si je puis me permettre. A 22 ans, je n'ai toujours pas changé le monde, et je ne suis plus avec Jonathan, depuis longtemps maintenant. On est resté bons amis, ce n'est pas ça le problème. Mais c'est à cause de cette gamine là, elle m'a rappelé moi. Certes, n'importe quelle autre gamine, avec le même problème, et qui aurait appelé Fun Radio pour exposer ce fameux problème qui n'en est pas un, m'aurait fait penser à ma propre adolescence .. Le collège, les copines qu'on perd de vue, certains rêves qui s'envolent, d'autres qu'on adapte .. En y repensant, pour moi, mon adolescence c'est exclusivement le divorce de mes parents. D'accord, il y a eu tous les autres ''à côté'', mais ça a été une sorte d'élément déclencheur : ma vie a basculé. Elle avait déjà basculé depuis longtemps, mais je le voyais sous un angle différent, c'était plus ''réel''. C'est le jour où on est parti que j'ai compris que rien n'était normal, et que je pouvais enfin mettre des mots (maux?) sur tout ce que je ressentais, sur tout ce que j'étais. C'est troublant de vivre sa vie, pendant des années, sans pouvoir contrôler, à un seul instant, aucun événement. Être plus qu'un spectateur de sa vie, en être un fantôme, impuissant, ne souhaitant qu'une chose : fuir. Cependant, je ne pensais pas non plus qu'on pouvait fuir un Enfer, pour un autre Enfer. Pire que le premier. Un Enfer, où tu n'as toujours aucun pouvoir sur ta vie, mais dans lequel tu te rends compte que toute ta vie n'était qu'un mensonge, qu'une belle mascarade, pour cacher une horreur bien réelle. Une horreur dont aujourd'hui j'ai honte. Honte parce que, prisonnière de ma prison gouvernée par la peur, je n'ai rien fait. Je n'ai absolument rien fait, et je n'ai jamais rien dit.

- 2 Juin 2011.

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Il paraîtrait ..









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